Démarche BIM : les étapes clés pour lancer son projet sur des bases saines

Analyser son écosystème
Le succès à long terme d'un projet BIM repose sur des fondations solides, établies bien avant la phase de modélisation.
Audit et cartographie des besoins : partir du terrain
La première action, et sans doute la plus cruciale pour la réussite à long terme, est d'analyser son propre écosystème dans sa globalité. Un patrimoine immobilier n'est pas monolithique ; il est un agrégat de fonctions et de besoins variés. Un ensemble d’acteurs, liés à la maintenance, à la production, à la logistique, à la sécurité, SI (systèmes d’informations), ou encore des fonctions patrimoniales gravitent et interagissent avec les bâtiments.
Le lancement d'une démarche BIM ne peut se faire sans une compréhension approfondie de ces interactions. Il est impératif de prendre du recul pour identifier les cas d'usage types qui vont structurer l'initiative.
Cette démarche d'audit se fait en trois temps :
- Interroger les équipes de terrain (techniciens, gestionnaires, Facility Managers) et les responsables de services.
- Identifier les "points de douleur" (les irritants, les pertes de temps, les erreurs) et leurs impacts financiers ou opérationnels.
- En faire découler des usages BIM à valeur ajoutée immédiate.

Quelques exemples d'usages BIM clés issus de l'Audit
L'audit permet de mettre en lumière des besoins transverses qui justifient l'investissement. Parmi les exemples récurrents que nous avons identifiés, voici quelques exemples par type de fonction :
Maintenance et exploitation : améliorer l’accès à l'information
L'enjeu est de spatialiser l'information pour en améliorer l'accès et la compréhension. En liant la maquette numérique à ses outils de maintenance (GMAO,GTB, GED), un technicien peut, à partir de la représentation 3D d'un équipement (climatiseur, pompe, tableau électrique), accéder instantanément à ses fiches de maintenance, son historique ou ses manuels.
Les acteurs de la maintenance bénéficient alors d’un meilleur accès à l’information, qui est plus intuitif et exhaustif. Ce gain est particulièrement significatif lors de la prise de poste de nouveaux personnels, réduisant la courbe d'apprentissage et fiabilisant les interventions.
Gestion du patrimoine et sécurité : cartographie et inventaire des équipements
Le BIM permet d'avoir une cartographie exhaustive de l'ensemble de l'actif et de ses équipements. Les services généraux et infra peuvent ainsi connaître précisément le quantitatif et la localisation exacte des éléments de sécurité (par exemple, le nombre d'extincteurs sur le site) . Le modèle devient un inventaire visuel et intelligent du patrimoine, facilitant l’accès aux informations de maintenance ou de conformité.
Aménagement et conception : optimisation de l'espace
Pour les équipes chargées de l'aménagement des espaces de travail (de l’agencement du mobilier en environnement tertiaire, jusqu’à l’aménagement des lignes de productions en environnement industriel), disposer d'une donnée 3D fiable est déterminant.
Le BIM offre une vue d'ensemble détaillée du bâtiment, y compris dans les zones complexes (chemins de câbles, gaines techniques, structure porteuse, lignes de productions industrielles, etc.). Cela permet de simuler les aménagements en 3D, de valider la conception très tôt dans le processus et de fiabiliser la prise de décision en s'assurant que le nouvel agencement est optimal pour les flux de personnes, les besoins de production, et le respect des normes.
Structurer sa démarche par une documentation BIM adaptée
L'analyse d’une organisation et / ou d’un patrimoine sert de tremplin essentiel pour l'élaboration d'une documentation BIM pertinente. Elle peut notamment déboucher sur la rédaction d’une documentation BIM, qui va structurer, pérenniser et uniformiser la démarche de l’organisation qui porte le projet. La production documentaire doit traduire les résultats de l'audit en règles claires, stables et opérationnelles.
1. Analyse et consolidation des résultats de l'audit
Avant de rédiger, il faut capitaliser sur la phase de diagnostic. L'audit a permis d'évaluer la maturité BIM actuelle de l'organisation (compétences, outils, processus) et d'identifier ses besoins spécifiques. Les principaux livrables de l'audit à consolider sont :
- L'inventaire détaillé des actifs, équipements et de la documentation existante (plans, schémas, données GMAO/GTB) ainsi que des principales données et informations exploitées.
- L'identification des usages BIM prioritaires pour l’organisation (ex. : gestion de la maintenance, simulation de flux, sécurité, suivi de construction/rénovation, etc.).
- L'évaluation des ressources humaines et logicielles disponibles et nécessaires.
- L'évaluation des outils et logiciels disponibles et futurs.
- L'Identification des écarts entre l'état actuel et les objectifs BIM visés.
Ces éléments constituent la base des exigences que la maîtrise d’ouvrage va formaliser dans généralement 2 documents de référence : la Charte BIM et la Convention BIM.
2. Production de la charte BIM : illustration de la stratégie et feuille de route
La Charte BIM est le document fondamental et stratégique du maître d'ouvrage. Elle traduit sa politique BIM à long terme et définit les objectifs généraux de sa démarche. Elle est générique et doit s'appliquer de manière cohérente à l'ensemble des projets ou opérations menées sur son patrimoine ou son site (rénovations, extensions, maintenance lourde, etc.). Elle répond au « Pourquoi » et au « Quoi » de la démarche.
3. Production du cahier des charges BIM : la déclinaison opérationnelle
Le cahier des charges BIM est le document opérationnel rédigé spécifiquement pour un projet ou une opération donnée (ex. : la rénovation d'un bâtiment spécifique, la construction d'une nouvelle ligne de production, etc.). Il doit impérativement être conforme aux principes établis dans la Charte BIM.
Elle détaille le « Comment » la démarche sera mise en œuvre concrètement, en précisant notamment comment la maquette BIM doit être structurée et renseignée, notamment en ce qui concernent :
- La structuration des données : définition des propriétés nécessaires pour les surfaces, les zonings, les machines et les équipements
- Le niveau de détail géométrique (LOD) des éléments représentés dans la maquette, induisant une certaine granularité et finesse de modélisation.
- Les liens tiers : spécification des liens d'interopérabilité vers les outils métiers (GED, GMAO, GTB) pour garantir l'échange de données.
- Les informations techniques : exigences sur les matériaux des éléments bâtis et autres attributs critiques à intégrer dans la maquette BIM pour l'exploitation et la maintenance.
En établissant ce corpus documentaire, la maîtrise d’ouvrage se dote d'un langage commun et d'un cadre normatif qui sécurisent la qualité et l'exploitabilité de toutes les données BIM produites.
Les entreprises répondant à un marché, et amenées à produire une maquette BIM vont devoir présenter leur démarche au travers d’une convention BIM. Celle-ci devra donc respecter les règles définies par le cahier des charges BIM de la MOA.
Le BIM, un marathon, pas un sprint : vers un déploiement priorisé et progressif
Penser sa démarche BIM sur le long terme
Chez MDB, nous aimons dire qu’il y a deux mots clés principaux : gestion et priorisation.
Les informations, données, processus à intégrer ou mettre en place pour exploiter le plein potentiel de sa maquette sont nombreux.
Il est illusoire d'imaginer pouvoir renseigner en un jour toutes les caractéristiques techniques des milliers d'actifs, des pompes aux canalisations qui alimentent l'ensemble du bâtiment ou du site.
Il faut voir la base de données que représente le BIM comme un travail continu. L’effort à fournir s'inscrit dans la durée et se veut pragmatique, mis en œuvre au fil de l’eau, projet après projet. Cela passera par :
- Structurer la maquette : s'assurer que les champs et attributs nécessaires aux usages définis (dans la Convention BIM) sont bien disponibles et normés.
- Compléter progressivement : permettre aux équipes de terrain, qui exploitent la maquette, de les compléter au fur et à mesure, lors de leurs interventions ou au gré des projets (rénovation, maintenance lourde).
Prioriser les zones et usages représentant un ROI rapide
Notre approche passe également par la priorisation des zones et des usages. Certaines zones sont plus prioritaires car au cœur d’enjeux complexes, de rénovations à venir ou d'usages à fort retour sur investissement (ROI).
Il s’agira donc de les prioriser et de les utiliser comme preuves de concept. En démontrant rapidement les bénéfices concrets du BIM sur un périmètre restreint et critique, vous générez de l'adhésion au sein de l'organisation.
Prendre les choses petit à petit favorise la conduite du changement. Il ne s’agit pas de révolutionner les processus de travail du jour au lendemain, mais plutôt de créer une dynamique de changement progressive et continue, ancrant le BIM comme une évolution naturelle et bénéfique de la gestion de patrimoine.
Au-delà du BIM : le jumeau numérique
Il est essentiel de comprendre que le BIM n'est qu'un composant d'un projet de numérisation plus vaste. Si la maquette numérique 3D répond à des usages complexes et à forte valeur ajoutée (notamment en conception, simulation, exploitation), elle ne constitue pas l'unique voie vers la réplique numérique de votre actif.
L'approche du jumeau numérique (Digital Twin) est plus englobante. Elle vise à créer une représentation dynamique de la réalité et peut, en cela, intégrer d'autres formes de numérisation, parfois plus rapides et aux coûts d’entrée plus contrôlés que le BIM :
- Le nuage de points 3D : offrant une géométrie d'une grande précision, souvent utilisé comme base pour la modélisation BIM ou dans des logiciels métiers se basant sur l’exploitation du nuage de points dans des cas d’usage précis
- La visite virtuelle : déjà une forme de jumeau numérique, elle permet de naviguer dans l'espace réel, de spatialiser des informations, prendre des côtes, etc.
L'intégration de ces représentations, avec ou sans le BIM, apporte des avantages immédiats, notamment en termes d'accessibilité et de conduite du changement. On pense notamment à la visite virtuelle : particulièrement accessible via un simple navigateur web, elle ne requiert aucune formation spécifique. L'expérience de navigation est intuitive ("façon Google Street View"), ce qui facilite l'adhésion et l'utilisation par l'ensemble des équipes opérationnelles.
En somme, l'utilisation de la maquette numérique 3D dans ses usages métiers a du sens et répond à des besoins spécifiques. Cependant, l'approche du jumeau numérique peut permettre de collaborer et de tirer de la valeur de répliques numériques du bâtiment sans nécessairement attendre la production d'une maquette BIM exhaustive. Dans une telle approche, l’objectif est de garantir la mise en œuvre d’usages alignés avec les représentations numériques disponibles de ses bâtiments.
Conclusion : BIM et / ou jumeau numérique, un investissement stratégique fondé sur le pragmatisme
La mise en place d'une démarche BIM réussie ne relève ni de l'effet de mode ni d'une simple adoption logicielle. Elle est, avant tout, un investissement stratégique exigeant méthode et pragmatisme.
Les étapes clés pour lancer votre projet BIM sur des bases saines se résument à quatre piliers fondamentaux :
- L'Introspection transversale : il est crucial d'identifier ses besoins réels en interrogeant les équipes de manière transversale. Des fonctions support aux opérationnels (maintenance, IT, travaux, sécurité, etc.), le succès de l'initiative dépend de la juste identification des acteurs concernés et des usages métiers à valeur ajoutée.
- La dilution de l'investissement : la force du BIM réside dans sa capacité à multiplier les usages et les axes de ROI. En servant simultanément la gestion du patrimoine, l'exploitation, la sécurité et l'aménagement, la démarche BIM déployée à l'échelle d'un actif permet de diluer l'investissement initial sur un large panel de bénéfices concrets.
- La structuration : pour garantir la pérennité et l'exploitabilité des données, il est impératif de numériser ses bâtiments et de structurer sa maquette BIM en s’appuyant sur un corpus documentaire clair.
- Le déploiement progressif : prioriser et hiérarchiser le déploiement en ciblant d’abord les zones et les usages offrant le ROI le plus rapide et le plus fort. Cette approche graduelle et pragmatique est le meilleur levier pour assurer l'adhésion des équipes et ancrer durablement la culture du BIM au cœur de votre organisation.
En respectant cette méthodologie, votre actif numérique ne sera plus un simple modèle 3D, mais un véritable jumeau numérique intelligent au service de l'efficacité opérationnelle et de la maîtrise des coûts sur l'ensemble du cycle de vie de vos bâtiments et de vos projets.
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